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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 14:48

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[…] Il faut être sérieux, qu'est ce que je fais sinon le zouave ? A part gribouiller mes pensées pas très claires, une bouillie d'impressions que je braille à voix haute pour faire oublier la faiblesse du propos et le style trop oral pour être honnête. Comme performer pour effacer la légèreté du texte aussi indigeste soit-il, comme si je l'offrais pré-machouillé pour le rendre moins abscons. Comme pour faire abstraction que lorsque je me relis je me trouve invariablement chiant sous mes dehors bourrus, mais attachants, de cynique désabusé. Un plat de nouilles trop cuites. Un maudit poète misérable. Car ça a pas eu payé ma brave dame, jamais beaucoup, jamais de quoi approcher le salaire mensuel d'un OS chinois de chez l'aut' pomme numérique. C'est pas sérieux comme métier non plus, c'est : celui là c'est un vrai poète ! Et vous seriez pas un peu poète dites, vous ? Et ces conneries de petits métiers, petits sentiers, petits villages, petits jardins, petits spectacles merdiques de marionnettes moisies si poétiques, si plein de poésie dedans que t'as vite fait de comprendre que t'es pas forcément dans le même créneau, qu'à ce niveau de galvaudage mieux vaut se contenter dans la plupart des cas de dire qu'on écrit et encore il y aura toujours un con pour te demander si tu es écrivain public.

 

Ça, sûr, c'est plus que la poésie fout le camp, c'est juste que ça devient du n'importe quoi dans la cuculture officielle vomie par les écrans, ça devient bon calibrage à pas dépasser, de la Golden de poésie qu'on nous débite en rondelles, avec un goût neutre et la bonne couleur, qui croque la vie comme il faut la prendre selon la norme, heureuse et insouciante. Et sans doute j'aurais pu être poète comme ça si je ne m'obstinais pas à écrire des vers si longs qu'à la fin on ne sait plus qu'elle était la rime. On voudrait se trouver troubadour et l'on passe pour bouffons, des vieux clowns qui se touchent la langue pour une poignée de bien-entendants qui restent bêtement insensibles à la beauté de la vraie poésie officielle qui sait faire rimer Alexandrie avec barracuda.

 

Le seul regret que je puisse ressentir dans l'exercice de mes fonctions de zouave, c'est de savoir restreinte au minimum ma capacité de nuisance. Si je peux espérer parfois, accidentellement, provoquer l'amorce d'une ébauche de prise de conscience, c'est pas avec trois jeux de mots à la con que je déclencherai la révolution. En même temps qui en veut vraiment ? Combien de péluts utopistes sommes-nous à vouloir changer le monde pour de bon ? Guère plus que ceux qui pourraient aspirer à changer de monde. Çà, nous ne sommes pas nuées, tout au plus tourbillons de poussière au ras du sol dans le grand vent de l'Histoire. Une manière pour le moins grandiloquente d'admettre que nous sommes peanuts, presque rien, un dernier murmure d'alarme déclinante, à s'égosiller dans le brouhaha fracassant de la société du spectacle, que ça ne va pas, que ça ne va plus, que ça ne peut plus durer, lorsque autour, bien plus fort, ça hurle que ça roule, que tout baigne, qu'on est des vainqueurs, on est de la gagne, on est des bons, les champions de l'évolution. Calembredaine !.. Couilles en bâton, les p'tits gars, couilles en bâton !

 

Ah oui, d'accord, admettons, c'est pas de la plus totale distinction, mais faut pas pousser pépère vers la sortie, c'est un peu l'hôpital qui se fout des dépassements d'honoraires, honnêtement, il est élégant ce monde ? C'est la grande classe l'histoire de l'humanité ? Toute en finesse et en minauderies ? C'est coquet, croquignolet, cucul la praline, du plus chic la grande saga de l'homme ? Faudrait cesser de se foutre de la gueule des gens !!! Ils en pensent réellement quoi les gens ? Est-ce qu'on nous laisse encore un peu penser entre deux pages de publicités (lisez Récit de voyage à Cité Centrale, l'épisode un du présent extrait de l'épisode deux!) Tant on nous tanne que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, qu'espérance de vie en hausse avec le pouvoir d'achat grâce à la croissance et les oméga 3 et ce week-end on ira se faire racketter à Ikéa, qu'il reste peu de temps de cerveau disponible pour des futilités comme la fin de la partie. Game over, prochainement sur tous nos écrans ! On n'est jamais que des pauvres billes, des braves bougres, des drôles de zigues, des zigotos de la masse des gens de tout en bas, les soubassements de la pyramide, du gravats. Du tout-venant. On termine mâchefer une fois consommé par la machine à faire du profit. Enfin, c'est pas la peine de secouer le cocotier dans la plaie, le constat est simple, d'ici bas on est d'la baise, on va pas y passer trois pages, non plus, c'est déjà assez pesant.

[...]

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